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A propos de mes sculptures

 

Si je devais choisir une catégorie dans les pratiques de la sculpture qui me définisse, je choisirais celle du modelage. Quelque soit les matériaux que j’ai utilisés, il me faut pouvoir rajouter et retirer à satiété, ce qui n’est pas possible dans les pratiques de la taille directe.

Mise en perspective

Dans les années 80, j’ai développé une sculpture abstraite, vivement colorée et foisonnante que l’on considérait dès lors comme baroque. Je travaillais en peignant de grands lais de papier avec de la tempéra que je découpais et trempais sur une face dans du plâtre pour les agglomérer les unes avec les autres, puis je remplaçai le plâtre par de la colle. A la fin des années 80, j’échangeai le papier pour des grandes feuilles en aluminium que je rivetai entre elles en les ayant préalablement peintes à tempéra. Je pus alors déployer ma sculpture en des formes plus simples, plus légères et plus pérennes.
Je commençai en même temps une série de grands paravents auxquels j’associai pour les prolonger dans l’espace, des reliefs en feuilles d’aluminium.

Au milieu des années 90, je ressentis le besoin de réintroduire la figuration pour échapper à la recherche d’une beauté uniquement formelle, pour donner du sens et du récit à mon travail.
Rapidement les récits fondateurs de la chrétienté s’imposèrent à moi avec l’envie de me confronter à mes modèles dans l’histoire de l’art.
Je traitai des sujets comme la mise au tombeau, le jugement dernier, la pentecôte, puis je commençai au début des années 2000 un travail sur la Passion du Christ, ensemble qui est depuis 2003 dans l’abbatiale gothique d’Essômes sur Marne.
En 2006, à l’occasion d’une invitation à exposer au musée Marcel Sahut de Volvic, j’avais conçu une suite de sculptures allégoriques sur le thème de la source.
En 2008 je fus invité à exposer au musée La Fontaine et fis à cette occasion une suite d’une quinzaine de fables choisies illustrées en sculpture.
Après avoir retravaillé sur des thèmes religieux (fonds baptismaux, Nativité) j’entrepris d’illustrer quelques métamorphoses tirées d’Ovide en associant mes sculptures colorées avec de grands dessins en grisaille que je plaçai derrière elles. Dessin et sculpture formant un duo contrasté et complémentaire tant sur le plan visuel qu’iconographique.

La technique fruit de la nécessité

J’utilise dans ma sculpture, et cela depuis une quinzaine d’années, des matériaux rarement employés ensemble. Cette technique, qui ne cesse d’évoluer au fur et à mesure de mes nécessités et de mes recherches esthétiques découle elle-même de ma première période abstraite, d’une quinzaine d’années également

1°) La céramique me permet de façonner les visages, les pieds et les mains de mes sculptures avec toute la finesse et la sensibilité du modelage en terre.

2°) Le corps des personnages est fait en pâte à modeler époxy que j’applique sur un grillage mis en forme au préalable. Une fois durcie, cette pâte est sculptée de nouveau.

3°) Les extensions du corps (plissé, socle, chevelure) sont façonnées avec des feuilles d’aluminium découpées et mises en forme. Ces feuilles seront ensuite recouvertes et solidarisées entre elles avec de la résine époxy stratifiée (résine + fibre de verre). Ce stratifié se travaille un peu comme de la bande plâtrée.

4°) L’ensemble est ensuite peint avec une résine transparente à prise lente dans laquelle je disperse et broie des pigments. Cette résine se travaille un peu comme une peinture à l’huile, en couches successives comme les glacis des maîtres anciens.

5°) Enfin, je vernis l’ensemble pour protéger les couleurs et atténuer la brillance afin d’obtenir un aspect du type peinture à la cire.

Au contraire d’une démarche de tailleur qui part d’un bloc dont il extrait son œuvre, je travaille en modeleur, par extension et retrait. Les matières sont malléables et doivent ensuite durcir, par le feu (céramique) ou par durcissement chimique (résine). L’aluminium est aussi travaillé dans une logique de modelage.

Chaque matière a une réponse particulière sous la main, permettant de travailler avec minutie ou brutalité, avec lenteur ou rapidité. Je peux aussi bien me concentrer sur un détail (céramique) qu’exécuter dans un geste rapide une forme globale (aluminium, grillage). Ce qui me permet de garder de la vigueur dans la grande forme et de la tendresse dans la petite. Il y a donc dans mes sculptures des ruptures d’échelle dues au temps de travail de chaque matière.

Je cherche enfin à retrouver l’unité de ma sculpture par la polychromie en recouvrant les matières de telle sorte que l’amateur puisse percevoir une globalité. La peinture, enfin, donne une présence accrue au volume.

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